Plus belle la vie
Vous êtes plus de 5 millions à suivre avec passion les péripéties de la série marseillaise, devenue peu à peu un rendez-vous incontournable pour les fans, chaque soir sur France 3. Avant de triompher, ce feuilleton imaginé par deux femmes a pourtant frôlé le crash à lantenne. Retour sur un phénomène.
Chaque soir, 21 % des femmes qui sont devant leur poste - et 18 % des « ménagères de moins de 50 ans » - regardent cette série. « Aujourd'hui, la mode est aux héroïnes aux destins exceptionnels. Nous, nous parlons des femmes en général, de leurs petits bonheurs et tracas, tient à expliquer Michelle Podroznik, la productrice. Une institutrice mère de deux enfants comme Blanche peut se révéler extraordinaire. » Deux signatures féminines sont à l'origine de la galerie de personnages du feuilleton. Magaly Richard-Serrano et Bénédicte Achard sont en effet les auteures de la « bible » de Plus belle la vie, compilation des biographies des héros. Et, dans la cohorte des dix-sept auteurs qui travaillent à tour de rôle sur le scénario, les femmes sont majoritaires. « Nous avons aussi redonné du travail aux comédiennes qui connaissent plus le chômage que leurs homologues masculins. » Depuis peu, une styliste est à la disposition des actrices, toutes générations confondues. « Histoire de leur donner un petit côté Sex and the City. »
Du bide au succès
France 3 s'était engagée à diffuser 130 épisodes, quelle que soit l'audience. Un pari risqué. A l'origine, la série devait s'appeler Mistral gagnant. Mais Renaud possédait déjà les droits du titre. Inspirée d'Un posto al sole, série italienne tournée dans un quartier napolitain, la « saga citoyenne » s'enlise dès les premiers épisodes. L'action est molle, le téléspectateur (ils ne sont que 1,1 million devant leur écran) s'ennuie. Or, France 3 a investi plus de vingt millions d'euros, des décors gigantesques ont été construits à Marseille et certains comédiens ont déménagé. Vincent Meslet, alors directeur adjoint aux programmes, décide de s'attaquer au contenu. Les dix-sept auteurs se remettent au travail. Quatre mois plus tard, l'audience a doublé. Depuis, pas une semaine sans un rebondissement. Drogue, prostitution, avortement, divorce, homosexualité ou immigration sont au coeur de ce « roman-feuilleton » qui séduit désormais cinq millions de téléspectateurs (avec un record de 6,3 millions le soir de la Saint-Valentin) et dont chaque épisode sera bientôt rallongé de deux minutes et demie.